Richard Meyer

Le Dr. Richard Meyer est psychiatre, ancien interne du CHU de Strasbourg, ancien médecin assistant de l'université de Lausanne et membre de l'académie de médecine de Pologne. Il possède un deuxième doctorat en sociologie et ethnologie (Paris Sorbonne).

Il a créé trois nouvelles méthodes psychothérapeutiques: socio-somatanalyse (en groupe), psycho-somatanalyse (en individuel) et Présence Juste (pratique en solo). C'est à lui que nous devons le terme de «somatothérapie» qui regroupe les pratiques psycho-corporelles.

Cette dimension corporelle, somato-, est intégrée aux deux autres dimensions de l'être, psycho- et socio-, pour constituer une approche globale du patient, à la fois thérapique et analytique, «pléni-intégrative».

De formation psychiatrique classique, Richard Meyer s'est initié à la psychanalyse au CHU de Strasbourg (Pr. Lucien Israel) et aux thérapies cognitivo-comportementales, stratégico-sytémiques et groupales à l'hôpital universitaire de Lausanne (Pr. C. Muller, L. Kauffman, L. Ciompi, E. Gilliéron).

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Richard Meyer

Enregistrement

Entretien avec le médecin psychiatre Richard Meyer au sujet du statut des psychiatres, psychologues et psychothérapeutes.

Diffusé par la chaîne régionale Alsace20, le 21 octobre 2009.

Transcription

On sait maintenant que 70% de l'efficacité de la psychothérapie est liée à la personnalité du thérapeute.

Richard Meyer, bonjour. Vous êtes médecin psychiatre, vous êtes le Président de la Fédération européenne des Psychothérapeutes, Psychanalystes et Psycho-somato-thérapeutes. Vous tenez une conférence demain soir sur le statut des psychothérapeutes. Avant d'aller plus loin, aidez-nous à y voir plus clair. Qui est qui et qui fait quoi entre les psychiatres, les psychologues et les psychothérapeutes ?
Les psychiatres sont des médecins avec huit années de médecine générale et quatre années de spécialisation. Les psychologues sont formés à la Faculté des Lettres, en cinq années, jusqu'à Master 2. Le psychothérapeute est un professionnel. Un professionnel qui jusqu'à présent n'avait pas de statut et c'est justement ce qui est en question.
Alors pas de statut, c'est-à-dire... Jusqu'à maintenant, n'importe qui pouvait être psychothérapeute, c'est ça ?
Exactement
Et alors ce changement, ce nouveau statut, qu'est-ce que ça va changer ? Vous avez dit: Ça va bouleverser le paysage des psychothérapeutes. C'est-à-dire ?
Voilà. Le titre, mais seulement le titre, de psychothérapeute est réservé aux médecins, aux psychologues qui on un Master 2 (c'est-à-dire cinq années) et aux psychanalystes qui ont aussi un Master 2. Donc, pas tous les psychanalystes mais seulement ceux qui ont un Master 2 et c'est assez rare dans les facultés françaises.
Et en ce qui concerne le statut de psychothérapeute... Ceux qui ne l'ont pas, qu'est-ce qu'ils deviennent ?
Alors, ceux qui sont installés depuis cinq ans au moins peuvent déposer un dossier, compléter ce dossier et garder le titre. Ceux qui n'ont pas ces cinq années d'ancienneté et ceux qui sont en formation actuellement, ou plus tard, devront trouver un autre titre. Je parle des non-médecins et des non-psychologues: Ils devront trouver un autre titre.
Est-ce qu'ils deviennent alors des charlatans ou... toujours pas ?
C'est la qualité de la personnalité du psychothérapeute qui fait la qualité de son travail. On sait maintenant que 70% de l'efficacité de la psychothérapie est liée à la personnalité du thérapeute. Ce qui veut dire que... avoir un diplôme de psychologie ou avoir d'autres diplômes en sciences humaines, par exemple, posséder telle ou telle méthode, ça ne fait que 30% de la qualité du thérapeute. Or 60 à 70% des professionnels de la psychothérapie sont des non-médecins et des non-psychologues. Et cette proportion restera toujours. Ces gens-là ont une formation beaucoup plus longue que les médecins et les psychologues.
Si maintenant, personnellement, je dois aller voir un psychothérapeute, je vais plutôt m'orienter vers un psychothérapeute qui a le statut ? Cette législation a été faite pour rassurer les usagers ?
Si vous avez la chance de tomber sur les 30% qui l'ont. Et pour cela il faudra téléphoner au Préfet du département qui aura la liste des psychothérapeutes et qui vous dira si telle ou telle personne est sur la liste ou pas.
Et... sinon... on a de la malchance de tomber sur l'un des autres 70% ?
Non. Pas du tout, je ne pense pas. Je connais bien cette population, puisque je les forme, et je peux vous assurer que ce sont des gens de grande qualité, qui viennent souvent plus âgés. Les psychologues viennent à vingt-cinq ans en sortant de la fac, ils sont jeunes, ils ont plein de théories dans la tête, ils n'ont pas la maturité. Ces autres «vocations tardives», je les appelle comme-ça avec beaucoup de tendresse, viennent à trente-cinq, quarante même cinquante ans et ce sont des gens qui ont une maturité, une expérience de la vie, souvent des épreuves de la vie. Ils ont suivi une thérapie personnelle longue, approfondie, et à un certain moment ils trouvent ce besoin de partager leur expérience et leur richesse avec les autres. Légalement, ils peuvent s'installer, sans aucun problème, avec ce nouveau titre qui sera psycho-somato-thérapeute.
On a parlé du stress au travail, des risques psychosociaux. Donc, si aujourd'hui quelqu'un souffre d'un trouble psychologique ou autre, vers qui doit-il se diriger ? Doit-il se diriger vers un psychiatre, un psychologue ou un psychothérapeute ?
Ecoutez, je dirais que tous les trois font le même travail et du bon travail.
Sans aucune différence entre les trois ?
Le risque, c'est que les gens réglementés, car ils vont être réglementés, avec éventuellement un Ordre des Psychothérapeutes, qui va limiter leur créativité, qui va leur dire «cette méthode est bonne, celle-là il ne faut pas»... Ça risque d'être un peu académique, mais évidemment, c'est sécurisant. Et chez le psychiatre il y a un remboursement par la sécurité sociale, ce qui n'est pas le cas chez le psychologue et chez le psycho-somato-thérapeute non plus.