sigmund freudS'ils oubliaient un peu leurs tests mystérieux et leur vocabulaire savant?

Pour - tout simplement - rendre service avec bienveillance et compétence.

De nouvelles attentes

La souffrance psychique a-t-elle changé de nature depuis que les premiers psychanalystes se sont mis à sonder l'âme humaine, à la fin du dix-neuvième siècle? Sans doute pas vraiment, non...

Mais nous n'avons plus grand chose en commun avec leurs patients.

Nous sommes en général beaucoup plus instruits,*En 2030, 50% des jeunes (et parmi eux une majorité de femmes) seront diplômés de l'enseignement supérieur dans la plupart des pays industrialisés.

(Source: OCDE)
mieux informés, plus autonomes dans nos choix de vie privée et plus responsables dans notre vie professionnelle.

Nous cherchons un conseil plutôt qu'un jugement. Un interlocuteur plutôt qu'un maître-à-penser. Et nous préférons participer à une démarche consciente plutôt que de livrer notre inconscient à des spéculations savantes.

Plus instruits, mieux informés et autonomes dans nos choix, nous cherchons aujourd'hui un conseil plutôt qu'un jugement

Une réponse nouvelle

Dès la deuxième moitié du vingtième siècle, un nouveau courant de pensée a donné naissance à une nouvelle psychothérapie. Cette thérapie était pragmatique, pudique, orientée résultats et - surtout - brève.

Les praticiens de cette thérapie brève ont rompu avec les dogmes d'une psychologie paternaliste qui imposait ses analyses à coup de tests obscurs entourés de secret.

  • rorschach

    Hier encore...

    Des tests mystérieux prétendaient livrer la personnalité intime d'un patient à l'analyse savante d'un expert. Pratique surannée, difficilement soutenable face à des gens instruits qui savent que cette analyse repose sur des spéculations sans réel fondement scientifique.

  • test dépression

    Aujourd'hui

    Nous accédons, sur ce site comme sur d'autres, à des outils d'évaluation psychologique clairs, souvent identiques à ceux qu'utilisent les cliniciens. Si nous pouvons mesurer nous-mêmes notre taux de cholestérol ou notre pression artérielle... pourquoi pas aussi notre personnalité ou notre humeur?

Là où d'autres diagnostiquaient des pathologies et traitaient des patients... Ces nouveaux psychothérapeutes se sont mis à résoudre des problèmes d'interaction et de communication pour leurs clients. Révolution salutaire mais...

Mais aujourd'hui, la personne qui consulte exige plus de transparence encore.

Du traitement d'un patient souffrant d'une pathologie mentale on passe à la solution d'un problème de vie pour un client

Instruite et informée, elle veut être associée à l'évaluation du problème qu'elle rencontre. Et s'il s'agit d'une pathologie mentale, elle veut en connaître le nom, les critères de diagnostic et le pronostic.

Responsable et autonome, elle veut ensuite choisir librement les solutions qui lui conviennent le mieux, parmi celles que lui proposent le médecin, le psychothérapeute et d'autres intervenants.

Oui, cette personne en sait souvent plus sur ces options d'aide que le psychothérapeute, spécialisé dans sa seule approche!

Pour aider aujourd'hui, ce dernier doit renouer avec l'humilité des tout premiers praticiens dont les idées ne faisaient pas - encore - école. Retrouver leur curiosité et leur souci sincère de l'autre. Dans une position de prestataire de services, le psychothérapeute doit explorer plutôt qu'interroger. Et proposer au lieu de prescrire.

Un nouveau partenariat orienté valeur

Considérant les ravages que peuvent causer les situations de détresse et de conflit, retrouver le bien-être et le retrouver vite n'est certainement pas un luxe. La recherche indique que les psychothérapies réduisent les coûts*Un examen récent de la litérature scientifique fait apparaître que les psychothérapies et initiatives de psychoéducation des familles se justifieraient économiquement et seraient bénéfiques même dans le cas de psychopathologies sévères (schizophrénie, trouble bipolaire) qu'on estimait pourtant peu réceptives à un traitement autre que médicamenteux.

(Source: American Journal of Psychiatry)
de la prise en charge en matière de santé mentale.

Mais une thérapie qui se satisfait de réparer ou de soulager continue, malgré tout, de sous-estimer le potentiel de la personne qui consulte.

L'appeler "cliente" mais la considérer comme "souffrante" revient à tomber dans le piège du politiquement correct qui embellit beaucoup et change peu.

Partager des connaissances, inviter à la réflexion, faciliter l'accès à de nouvelles compétences...

C'est saisir l'instant privilégié qu'est la rencontre thérapeutique pour créer de la valeur. Dans un dialogue d'égal à égal.

Serait-ce cela, une véritable bienveillance?