therapie-breve-oui-nonEst-ce qu'il arrive aux psychothérapeutes de répondre clairement par oui ou par non?

Oui. Voici quelques opinions, positions et convictions personnelles. Qui peuvent plaire. Ou pas...

Prendre position?

Une bonne dose d'optimisme a certainement des vertus thérapeutiques. Et la neutralité bienveillante permet d'aborder les personnes et les situations avec modestie. Les psychothérapeutes doivent-ils pour autant promettre des solutions à tout pour tous? Et ne peuvent-ils avoir d'opinion sur rien?

Je constate qu'on va parfois plus loin... avec un peu plus de prudence. Et je me rapproche plus humblement de la personne qui me consulte quand je lui avoue que... tout comme elle, j'ai quelques croyances qui me limitent. Quelques convictions qui m'encombrent. Quelques préjugés qui m'aveuglent. Et des valeurs auxquelles je tiens.

Alors, ne tournons pas autour du pot! Voici huit sujets sur lesquels je me prononce clairement en disant oui ou non.

Oui au respect incondtionnel

Non au dogme

Oui aux relations

Non à la dictature du bonheur "cool & zen"

Oui à l'individuation

Non au "toujours plus"

Oui à la psychoéducation

Et oui à tout-tout-tout ce qui peut vous aider, vous

Oui au respect inconditionnel

Oui, le respect favorise le changement

Chacun de nous interprète ce qu'il vit en fonction de sa sensibilité, de son histoire personnelle, de ses connaissances.

Faut-il questionner cette interprétation?

Parfois.

Mais il faut surtout et à tout instant, respecter la sensibilité de la personne qui consulte. Inscrire le travail dans son histoire. Enrichir durablement ses connaissances.

Sans juger. Sans analyser. Sans diriger.

Paradoxe: C'est dans ce respect inconditionnel que se produisent les changements les plus remarquables.

Non au dogme

Non, le modèle n'est pas le monde

Aucune approche psychothérapeutique n'est la solution à tout pour tous.

Chacune offre un éclairage de la réalité parmi beaucoup d'autres qui sont souvent tout aussi pertinents.*La recherche indique, depuis des décennies, que les spécificités techniques des approches interviennent beaucoup moins dans la réussite d'une démarche qu'un grand nombre de facteurs qu'elles ont toutes en commun.

(Source: Professionnal Psychology: Reserach and Practice)}

Il se peut qu'un éclairage systémique aide la personne qui me consulte à voir autrement ce qui la fait souffrir.

Découvre-t-elle alors une issue nouvelle à une situation qui lui semblait bloquée?

C'est parfait!

Et ça suffit.

Au-delà de ce résultat concret commence, invariablement, le dogme.

(Si on prend parfois les psys pour des prêtres, serait-ce parce qu'ils prêchent si souvent pour leur chapelle?)

Oui aux relations

Oui, le bonheur, c'est les autres

Chacun de nous est entouré de personnes plus ou moins proches, plus ou moins présentes, plus ou moins bienveillantes.

Éloigner l'entourage. Isoler la personne. Exacerber les tensions. Voilà les outils pervers des manipulateurs et des gourous.

Si mon cabinet de psychothérapie est un espace sécurisant...

Ce n'est pas un refuge.

Si on y réfléchit aux relations...

C'est pour que la personne qui me consulte puisse se rapprocher des autres. Se réjouir de leur présence. Et renégocier, quand c'est nécessaire, des échanges plus équilibrés.

Et quand cette démarche aboutit...

Elle a tellement à vivre avec celles et ceux qui l'entourent, qu'elle n'a plus une minute à perdre avec moi.

Non à la dictature du bonheur zen & cool

Non, je ne détiens pas le secret du lâcher prise


La vie n'est pas cool tous les jours

Un échec scolaire. Un licenciement. Une agression. Une rupture amoureuse. La perte d'un être cher. Autant d'événements que nous vivons douloureusement. Nous aspirons à la réussite, au bien-être, à la sécurité, à l'affection. Ceux qui nous quittent peuvent nous manquer cruellement.

La vie n'est pas zen tous les jours.

Concilier famille et travail est un casse-tête. Surtout le mercredi après-midi! Concilier loisirs, santé, vie affective et réussite sociale est un défi, sept jours sur sept.

Non, aucune psychothérapie ne rendra cool ou zen ce qui ne l'est pas.

Cela étant dit...

Il arrive que ce simple constat soulage la personne qui me consulte!

Nous sommes, paradoxalement, un peu plus cool quand il est permis de ne pas être zen.

(Et inversement?)

Oui à l'individuation

Oui, je suis
(un peu)
jungien
(dans l'âme)

Un concept abstrait de la psychologie analytique de Carl-Gustav Jung... au beau milieu d'un site pragmatique?

J'assume l'hérésie.*Après tout, Paul Watzlawick était d'abord un psychanalyste formé par Carl-Gustav Jung, avant qu'il ne rejoigne le Mental Research Institute de Palo Alto pour devenir l'un des plus grands théoriciens de la thérapie brève systémique!

Il est vrai qu'une psychothérapie orientée solution est une étape brève. Elle n'est pas comparable à une longue démarche psychanalytique. Cette petite étape s'inscrit néanmoins dans le parcours de vie de la personne qui me consulte. Sa thérapie doit-elle avoir du sens pour elle, au-delà de la solution d'un problème actuel?

Si la réponse était oui, ce sens pourrait bien être cette "individuation" que Jung définit comme une intégration psychologique permettant un épanouissement de la personnalité.

Oh, je sais que cette individuation est une étoile lointaine, pour la personne qui consulte comme pour le psychothérapeute! Mais quand elle guide le petit pas que nous faisons ensemble, elle m'invite à l'humilité et paraît mener la personne qui me consulte vers plus de liberté.

Non, non et non au "toujours plus"

No-no-no,
je ne coache pas
les winners

La vie est-elle une compétition de tous les instants?

Non. Elle est avant tout faite de rencontres, d'échanges, de liens.

Doit-on mettre la psychologie au service d'une course permanente à la performance individuelle?

Non. Une psychothérapie sert à vivre mieux, pas à endurer plus.

Les gens qui me consultent sont-ils des perdants qu'un thérapeute doit transformer en gagnants?

Non. Ce sont des femmes et des hommes. Leur désarroi m'interpelle souvent. Leurs compétences me surprennent toujours.

(Et parfois, ils se mettent à dire non!)

Oui à la psycho-éducation

Oui, savoir
(un peu) plus
aide à vivre
(beaucoup) mieux

Ou, d'une manière plus générale et formulé plus modestement: Oui au partage des connaissances.

À l'exception de quelques divagations lacaniennes ou ésotérismes jungiens, tout ce qui peut se dire sur l'humain est très humain. Et accessible aux humains.

On aurait pu l'apprendre à quinze ans, sur les bancs de l'école. On le découvre plus tard, parfois avec une pointe de regret. Il y a des choses qu'on aurait fait autrement...

Et maintenant?

Une psychothérapie peut être un moment privilégié pour s'interroger et s'informer.

Quand la souffrance se retire...

Les nouvelles connaissances restent.

Et oui à tout-tout-tout ce qui peut vous aider, vous

Oui, la thérapie brève est une (bonne) solution parmi mille-et-une (bonnes) solutions

Ce qui aide Paul fait frémir Martine. Brr... les médicaments! La solution de Martine fait sourire Paul. Tss... un diffuseur d'huiles essentielles! Martine et Paul s'inquiètent pour leur ami Jacques qui a rejoint les alcooliques anonymes. Argh... une secte!

Mais qu'en pense le psychothérapeute? Pff... tous ces gens feraient bien mieux de venir me parler?

Non.

Paul ne passe plus ses journées à pleurer et s'est remis à réfléchir à ses défis professionnels. Martine dort mieux et a retrouvé des forces pour rétablir le dialogue avec ses deux ados rebelles. Jacques ne boit plus une seule goutte d'alcool, ce qui a mis fin à une foule de situations dangereuses pour lui et pour son entourage.

Comme eux, je crois que nous pouvons, en tout liberté, saisir tout-tout-tout ce qui peut nous aider.

Et en parler à un thérapeute?

Aussi, oui.