poirier-2003aPoirier M. (2003) La psychothérapie est rentable. Psychologie Québec, Sept-2003:23-25

Introduction

L’étude attentive des interventions typiques d’un omnipraticien révèle que de 30 à 70 % de sa pratique relève des soins psychologiques (Allon et Service, 1999; VandenBos et DeLeon, 1988): pathologies directement reliées au stress, maux chroniques sans genèse organique évidente, travail d’adaptation à la maladie ou d’acceptation des traitements, problèmes de santé mentale. Jencks (1985) estime la prévalence typique de problèmes importants de santé mentale dans la clientèle d’un omnipraticien à un minimum de 15 % mais pouvant dans certains milieux excéder les 40 %. Selon Eisenberg (1992), de 11 à 36 % de toutes les visites à des omnipraticiens sont effectuées par des personnes ayant un problème de santé mentale. Alors que la rareté des effectifs médicaux perturbe sérieusement l’offre publique de soins, on doit se demander s’il est toujours pertinent de traiter en médecine générale des personnes qui pourraient parfois recevoir des services adéquats dans un autre contexte, en allégeant le fardeau des médecins et en réduisant les coûts d’opération.

La recherche a par ailleurs bien documenté le fait que les omnipraticiens ont tendance à sous-diagnostiquer les problèmes de santé mentale. Jones et collaborateurs (1987) ont démontré que les médecins n’avaient pu détecter 80 % des problèmes de santé mentale qui leur furent présentés. Une étude assez récente indique que les généralistes ne diagnostiquaient que 44 % des cas évidents de dépression (selon les critères du DSM) (Docherty, 1999). Selon une étude de Kessler et al. (1994) seulement 42 % des patients ayant un problème important de santé mentale ou un problème majeur de toxicomanie ont été correctement évalués et ont reçu le traitement professionnel approprié. L’omnipraticien fait certainement de son mieux, à la lumière de ses connaissances cliniques, de son expérience et du bon sens pratique. Toutefois, le généraliste a dans les faits une formation plutôt sommaire en santé mentale et n’a souvent aucune formation spécifique en évaluation psychologique ou en psychothérapie: dans bien des cas, une expertise plus proprement psychologique pourrait faire une différence significative.

Note

Psychologie Québec n’est pas une revue scientifique. Il s’agit plutôt d’un magazine qui s’adresse aux psychologues de l’ensemble du Québec pour les informer sur le développement de la profession.

Les articles de Mario Poirier étant basés sur de nombreuses sources scientifiques renseignées par l'auteur, il m'a toutefois semblé justifié de les présenter ici, dans la catégorie "littérature scientifique".

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