famille_introLa maladie mentale d’un adolescent ou d’un jeune adulte… signifie-t-elle l’échec pour une famille ? Nous avons vu que la schizophrénie frappe souvent à un moment où la mission parentale devrait toucher à sa fin et où un grand enfant est supposé, en termes imagés, commencer à voler de ses propres ailes et s’apprêter à quitter définitivement le nid.

Pour les parents commence, à l’annonce du diagnostic de la maladie assortie d’un pronostic vague mais sombre, le deuil de tous les projets qu’ils avaient pour leur enfant mais aussi de ceux qu’ils avaient, peut-être secrètement, commencé à faire pour eux-mêmes. A cela s’ajoute parfois, quand la pathologie est grave ou semble encore très mal maîtrisée, une inquiétude sourde pour l’avenir. Que deviendra leur enfant quand ils ne seront plus là ? Pour le soutenir ou pour surveiller sa médication ou pour lui rappeler ses rendez-vous chez le psychiatre, ou pour l’aider avec des démarches administratives ou pour…

Si élever un enfant est transmettre, qu’ont-ils donc transmis ?

Un code génétique défectueux ?

Trop d’amour à tel point que le détachement ne peut plus se vivre autrement que dans la douleur ?

Pas assez de vigilance ou de règles qui ont permis à leur enfant l’accès à des substances psychotropes qu’on suspecte aujourd’hui de précipiter la psychose ?

Ou, au contraire, une présence si opprimante ou des attentes si démesurées qu’il les fuyait dans le cannabis et des fréquentations qu’il tenait secrètes ?

Tout ce qui est dit de constructif et d’affectif et de transmissif sur la vie familiale quand celle-ci suit son cours souhaité de fleuve tranquille apparaît soudain en négatif.

Avant d’être désignées par certains comme la source de tous nos maux, les doubles contraintes étaient déjà partout, nécessairement régulatrices de toute éducation qui doit viser à la fois la reproduction et le renouvellement, l’appartenance et l’individualité, le lien rassurant et le courage de le défaire.

Avant de se charger d’une hérédité qu’on découvre tout à coup lourde de conséquences, l’histoire familiale était un récit passionnant dont on évoquait avec plaisir ou émotion les personnages les plus cocasses, attendrissants ou, qui sait, exemplaires, héroïques, généreux, audacieux…

Et avant d’être coupables d’exprimer trop d’émotions ou pas assez et de communiquer de manière trop floue ou trop directe, les parents étaient tout simplement parents.

S’il était vrai que ces parents peuvent retrouver un peu de leur identité perdue, s’il était vrai qu’un accompagnement durant 9 mois – durée qui nous paraît bien symbolique – leur permet de surmonter un cap difficile et de vivre plus sereinement, l’étiologie de la schizophrénie leur importerait finalement très peu. Même les systémiciens pourraient alors tenir leur promesse, qui est de s’intéresser avant tout à une solution hic et nunc, pour les aider à mobiliser leurs talents face à une difficulté.

Pour réussir ?

Sources

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